Maroc : Mohammed VI annonce "une réforme constitutionnelle globale"
Le roi du Maroc, Mohammed VI, a annoncé une "réforme constitutionnelle globale", qui sera suivie d'un référendum, dans un discours à la nation prononcé mercredi 9 mars, le premier après les manifestations du 20 février au Maroc.
"Nous avons décidé d'entreprendre une réforme constitutionnelle globale", a déclaré le
souverain, soulignant son "engagement ferme à donner une forte impulsion à la
dynamique réformatrice profonde (...) en cours". "Le projet de la nouvelle constitution"
sera "soumis au référendum populaire" et entrera "en vigueur après son approbation", a
précisé le souverain. Le roi a également annoncé la prochaine formation d'une
commission ad hoc pour la "révision de la Constitution", réformée pour la dernière fois en
1996 et dont la présidence sera confiée au constitutionnaliste marocain Abdeltif
Menouni.
Ce dernier présentera au roi, d'ici juin, les propositions de réforme de la Constitution, a
précisé le souverain. Celui-ci a en outre annoncé que le statut du premier ministre, "en
tant que chef d'un pouvoir exécutif effectif", et celui des partis politiques seront
"renforcés" dans le cadre de la réforme constitutionnelle. "La consécration du statut du
premier ministre en tant que chef d'un pouvoir exécutif effectif, et pleinement
responsable du gouvernement", est considérée par le roi comme un "principe" de
consolidation de la "séparation et [de l']équilibre des pouvoirs".
RENFORCER LE PLURALISME, LES DROITS DE L'HOMME ET LES LIBERTÉS
INDIVIDUELLES
La réforme constitutionnelle va prévoir "un gouvernement élu, émanant de la volonté
populaire exprimée à travers les urnes et jouissant de la confiance de la majorité à la
Chambre des représentants", ajoute Mohammed VI. Le roi a également annoncé une
série de mesures pour renforcer le pluralisme, les droits de l'homme et les libertés
individuelles, l'indépendance de la justice, ainsi que le rôle des partis politiques.
Des manifestations répondant à un appel lancé à l'origine par des jeunes sur Facebook
et repris notamment par des ONG ont eu lieu dans tout le pays le 20 février pour
réclamer des réformes politiques, dont une limitation des pouvoirs du roi, et plus de
justice sociale.
C'était le premier mouvement de ce type dans le pays depuis le début des révoltes dans
le monde arabe. Ces manifestations se sont déroulées, dans l'ensemble, pacifiquement.
Mais des troubles après la dispersion des manifestants ont fait cinq morts à Al-Hoceima,
et une centaine de blessés – des policiers pour la plupart – dans plusieurs villes.
Le discours royal, un "tournant historique" dans le processus de consolidation de l'édifice
du Maroc moderne et démocratique (presse)
Rabat, 10/03/11-©MAP-Tous droits réservés
Le discours adressé, mercredi, par SM le Roi Mohammed VI à la Nation constitue un "tournant
historique" dans le processus de consolidation de l'édifice du Maroc moderne et démocratique,
soulignent, jeudi, des quotidiens nationaux.
Ainsi, +Le Matin du Sahara et du Maghreb+ souligne que le discours que SM le Roi a prononcé
mercredi "n'a pas son équivalent dans l'histoire du Maroc. Il appartient à cette série d'actes
fondateurs, une profession de foi, mélange de cÂoeur et de raison que la mémoire retiendra".
Dans son éditorial intitulé "le tournant de la consolidation", le journal estime qu'"en évoquant la
réforme constitutionnelle globale, le Souverain a tracé non pas l'épure, mais le cadre d'une véritable
transformation politique et institutionnelle. Emancipateur, Il décline la réforme globale en sept
piliers, les uns plus audacieux et surprenants que les autres".
"L'inventaire décliné, celui qui trace la nouvelle voie, fixe donc les paramètres d'une +feuille de
route+ nouvelle", écrit la publication, relevant que "c'est l'image d'un Maroc du futur" qui est
dessinée aujourd'hui par SM le Roi, "bâtisseur du Maroc moderne, inspirateur et conducteur des
profonds changements que notre pays a connus".
Pour +Le Soir Echos+, le discours royal est "une feuille de route pour un grand chantier de
réformes".
Ce discours, rigoureux et structuré, situant l'action dans la durée est "une véritable feuille de route
avec à la clé des réformes constitutionnelles profondes et une réelle refonte de l'administration
territoriale en vigueur depuis des années dans le Royaume", écrit le journal.
"Le discours marque un nouveau chapitre du règne de SM le Roi Mohammed VI. Avec le transfert
d'une partie des pouvoirs vers les présidents des régions, avec un Premier ministre élu
démocratiquement et comptable de ses décisions, le chantier qui s'ouvre offre une opportunité
unique au pays de rassembler ses forces au profit d'un projet équitable", relève l'éditorialiste.
Et le quotidien d'estimer que "cette dynamique vertueuse nécessite l'implication et la vigilance de
l'ensemble de la société pour faire que l'effet d'annonce se transcrive dans la pratique et la durée",
ajoutant que "l'espoir soulevé par ce discours doit être capitalisé et servir de socle à l'élaboration du
Maroc de demain".
De son cô té, +L'Economiste+ qualifie de "tournant historique" le discours royal, affirmant que le
discours du Souverain "marque un tournant dans la vie politique du pays".
"C'est un discours fort, proactif qui dessine l'architecture institutionnelle du Maroc d'aujourd'hui et
de demain", note le journal.
Le quotidien +Akhbar Al Yaoum+, qui a consacré un dossier au discours royal avec des réactions de
divers acteurs politiques et de la société civile, écrit, pour sa part, que le discours royal " inaugure
une nouvelle ère et annonce un nouveau contrat politique entre le Trô ne et le peuple, un contrat
basé sur le respect des fondements de la démocratie, de l'Etat de Droit et des droits de l'Homme"