Maroc-modèle de société démocratique dans le monde arabe

Avant de vous parler de la femme marocaine, particulièrement de ses réalisations et de ses défis notamment lors de ces dernières décennies, j'aimerai vous donner un aperçu sur le Maroc.

Le Maroc s'est engagé, depuis plusieurs décennies, dans le processus de la démocratisation, de la modernité et de l'égalité. Au cœur de ce défi, s'érige la question de la réduction des écarts entre les sexes, non seulement dans la dimension juridique mais également et surtout politique, sociale, économique et culturelle. Ces paramètres, à portées stratégiques pour le Maroc du 21eme siècle, n'ont pas manqué de faire l'objet d'efforts multiples, consentis par tous les acteurs de la société marocaine.

 

Pour renforcer le principe d'équité et d'égalité de genre au niveau législatif, une série de textes ont été modifiés notamment le code de la famille, le code du travail et le code de la nationalité. Cette présentation se limitera au code de la famille connu sous le nom de la Moudawana.

Suite à la promulgation d'une succession de « Code de la famille » en 1957 et en 1958 », le statut de la femme marocaine dans le code civil a été régi par le code de statut personnel inspiré du droit musulman malékite. Ce code a été critiqué par le mouvement féministe parce qu'il instaurait un système d'inégalité et défavorise la femme dans la société marocaine, malgré ses connaissances, ses compétences et son éducation.

J'aimerai rappeler que depuis la période coloniale à ce jour, les mouvements des femmes ont inscrit la question du statut familial comme priorité dans leur agenda de combat. Ces associations se sont dotées d'un projet politique et social cohérent et ambitieux à savoir celui de rétablir les femmes dans leurs droits et dans leur dignité et, par conséquent, contribuer à transformer les structures familiales et sociales du pays. Elles ont toujours mené un combat pour une citoyenneté pleine et entière de la femme marocaine.

Depuis, les revendications du mouvement féministe au Maroc n'ont cessé de s'accroître pour la promotion des droits de la femme. La participation des ONGs marocaines dans les meetings internationaux a été d'un grand apport à leur cause, notamment les Conférences internationales relatives à la femme (Mexique 1975), (Nairobi 1985) et (Beijing 1995).

Au début des années 90, les militantes des droits de la femme ont mené une « campagne millions de signatures » pour la réforme de la Moudawana. Cette action a été renforcée par la constitution d'un conseil national pour la réforme de la Moudawana. Ce qui a aboutit en 1993 à un premier changement de ce statut, sous le règne de Hassan II.

Cependant les modifications de 1993 n'étaient pas considérées comme suffisantes par les associations féminines, qui ont continué leurs revendications.

Les prémices du changement au niveau du code de la famille remontent à 1999 quand le souverain s'est interrogé dans son discours du 20 août 1999, dès son accession au Trône : « comment assurer progrès et prospérité à une société alors que les femmes, qui en constituent la moitié, voient leurs droits bafoués et pâtissent d'injustice, de violence et de marginalisation, au mépris du droit à la dignité et à l'équité que leur confère notre sainte religion? ».

 

En fait, le jeune Roi a déclaré à plusieurs reprises son soutien à la protection des droits de l'homme car cela est en conformité avec l'islam, religion officielle du Maroc.
Au cours de la même année, le Gouvernement avait proposé un Plan d'Action National d'Intégration des Femmes au Développement (PANFID), conformément aux recommandations de la 4ème Conférence mondiale sur la femme (tenue à Beijing en 1995).
Je tiens à vous préciser que l'introduction du nouveau texte du code de la famille au Maroc n'a pas été adoptée du jour au lendemain. La bataille politique entre conservateur et progressistes a été très acharnée.
Ce processus a engendré des réactions différentes de toutes les composantes de la société. Par exemple, en mars 2000, deux grandes manifestations ont eu lieu, le même jour, celle de Rabat soutenant les réformes de la Moudawana alors que celle de Casablanca s'y opposant.
En mars 2001, le roi a reçu les ONG féminines pour leur annoncer la création d'une commission royale consultative pour amender la Moudawana.
Contrairement à celle de 1993, la nouvelle commission, composée d'éminent experts et oulémas, hommes et femmes, d'horizons, de sensibilités et de domaines de compétences multiples et variés, était chargée de soumettre à Sa Majesté, des propositions sur une réforme substantielle de la Moudawana en tenant compte des orientations royales pour la bonne préparation d'un nouveau code de la famille.
Je tiens à signaler que les amendements introduits au code de la famille, conformément aux orientations royales, respectent les préceptes de la charia et répondent aux exigences de la modernisation du Maroc.
Cela a été rendu possible grâce à l'application de l'islam véritable, évolutif, tolérant et valable pour toutes les époques et tous les lieux.
Ces amendements visent à assumer l'équilibre entre les deux époux et leur permettre d'éduquer leurs enfants d'une manière saine qui reflète le rôle de la famille en tant que cellule de base de la société conformément aux valeurs d'un islam base sur la tolérance, la justice, la paix et l'acceptante de l'autre.
Lors de son discours prononcé à l'occasion de l'ouverture de la session parlementaire, le 10 octobre 2003, Sa Majesté le Roi, a mis en relief l'importance des changements introduits au code de la famille qu'il a validé avec des versets du Coran.
Le nouveau code de la famille, qui remplace l'ancien code du statut personnel, a été adopté à l'unanimité par tous les partis politiques y compris le Parti de la Justice et du Développement (PJD), le 23 janvier 2004 et entré en vigueur le 4 février 2004.

 

Toutes les composantes de la société marocaine se sont félicitées de l'adoption de ce nouveau code qui instaure, pour la première fois, une égalité au niveau de la responsabilité familiale, des droits et devoirs des deux époux et institue le principe du divorce consensuel sous le contrôle du juge.

Il y a lieu de signaler que selon l'Islam les femmes ont toujours été égales aux hommes au regard de la loi.

Avec cette nouvelle réforme, le code de famille marocain a connu un véritable progrès qui lui fait rejoindre, voire dépassé même, sur certains points, le code tunisien qui est resté, durant plusieurs décennies, le modèle de l'émancipation de la femme. Le nouveau code de la famille constitue une expérience positive pour la société marocaine, et constitue aussi un modèle pour les autres sociétés de la région et du monde musulman.

A cet effet, les ONG marocaines qui ont participé à l'élaboration de ce code ont été sollicité par un certains nombres de pays pour leur expliquer le processus de cette réussite qu'ils veulent exporter dans leur pays.

Grâce à cette réforme le Maroc se positionne en tant que modèle de société démocratique dans le monde arabe.

 

Mme Mouna Mouline
Conseiller
Ambassade du Royaume du Maroc
Budapest

 

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